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Alimenter en eau un monastère himalayen

Deux étudiants en licence professionnelle « gestion des eaux urbaines et rurales » (PEGEUR) ont réalisé leur stage de fin d’étude au cœur de l’Himalaya indien. L’objectif : imaginer et développer les solutions techniques pour améliorer l’alimentation en eau potable ainsi que le système d’assainissement dans un monastère bouddhiste situé à 3500 m d’altitude. Rencontre avec Abraham Peris, qui a réalisé l’étude d’adduction en eau potable.

Le monastère de Matho, perché sur l’Himalaya à l'extrême nord de l'Inde dans la région du Ladakh fait l’objet d’un vaste programme de restauration de ses œuvres et de construction d’un musée en son sein : le Matho Museum Project. Géré par plusieurs ONG*, il  aborde de nombreuses actions complémentaires dont l’amélioration de l’adduction en eau potable et de l’assainissement. C’est pourquoi Nelly Rieuf, spécialiste française de l’art himalayen et l’initiatrice de ce projet, est venue proposer aux étudiants de l’ENGEES d’amorcer ce chantier sous forme de stages.  Abraham Peris, étudiant en licence professionnelle PEGEUR est parti 4 mois au monastère : son premier travail a débuté par la réalisation d’un état des lieux. 

Répondre aux besoins

Le réseau existant d’eau « potable » de Matho est très rustique : il existe plusieurs points d’eau avec un système de stockage géré manuellement par les habitants. Mais l’accès à l’eau courante n’est pas la priorité : les habitants subissent régulièrement des pénuries d’eau durant les périodes de gel ou de sécheresse.  De plus, l’alimentation principale de ces réservoirs provient d’une pompe gérée par une seule personne. « Cette personne ne réside pas au monastère » précise Abraham,  « le remplissage du réservoir principal dépend de sa disponibilité ». Il fallait imaginer un système autonome. Enfin, la qualité de l’eau est mauvaise : le captage de la source n’est pas protégé face aux pollutions. L’eau reste trop longtemps stockée et n’est pas traitée : les maladies hydriques sont nombreuses. Les bénévoles arrivant au monastère en subissent les conséquences et sont malades la première semaine. Ce constat fait, l’étudiant est parti en exploration sur les hauteurs himalayennes à la recherche d’une nouvelle ressource en eau potable, avec un débit plus important et régulier. 

L’importance du réseau

Grâce à ses observations des reliefs et de la végétation, recoupées de discussions avec les habitants du Ladakh, Abraham a découvert trois nouvelles ressources d’eau susceptibles de couvrir les besoins de la population. Pour chacune d’entre elles, il a dû établir un projet d’adduction afin d’évaluer le meilleur. Un vrai défi car contrairement à d’autres stagiaires, il n’avait pas de professionnel pour l’accompagner dans sa démarche, ni tout le matériel à disposition. Comment a-t-il géré la situation? « Je me suis très bien préparé avant de partir » explique l’étudiant. « Avec l’aide de mon tuteur de l’école, M. Jean-Bernard Bardiaux, j’ai rassemblé toutes la documentations et le matériel utiles». Sur place, Nelly sa maître de stage l’a aidé à nouer les contacts nécessaires. « Pour mener à bien ce type de projet, il est essentiel de faire appel aux bons interlocuteurs, on ne doit pas travailler seul » explique Abraham.  Parmi ce réseau, un responsable Suisse de l’entreprise MicroGIS, M. Abram Pointet, a fourni un modèle numérique de terrain du Ladakh : élément précieux pour préciser les calculs hydrauliques. 

Des conditions de travail exceptionnelles

Abraham a également pu compter sur l’aide de l’équipe de bénévoles. « Photographes, paysagistes, architectes… ils sont 65, toutes nationalités confondues à travailler sur le projet « matho » » raconte-t-il, « 20 bénévoles étaient logés avec nous au monastère et un atelier était à notre disposition pour travailler. L’ambiance communautaire était très agréable, loin de l’image d’un monastère». 

Surmontant toutes les difficultés techniques, Abraham a retenu de son étude un projet d’adduction gravitaire, avec un système de brise charge (pour maîtriser les fortes pressions), alimentée par une source d’eau située à 3800 mètres d’altitude. Il a ensuite dimensionné le réseau de distribution du monastère, déterminé les méthodes de traitement de l’eau et finalement évalué le coût de tous les travaux. Une campagne de recherche de financement est désormais en cours. 

De retour à l’ENGEES, Abraham a réussi avec brio sa soutenance de stage. Il concède que l’acclimatation à la région n’était pas aisée mais que « cela vaut vraiment la peine : les paysages sont grandioses ».  Avant d’ajouter avec humour « quand nous n’en pouvions plus de manger du riz et des lentilles, nous partions avec d’autres bénévoles pour Leh, la capitale du Ladakh située à 28 km, afin de manger et boire autre chose ». Désormais diplômé, il est à ce jour à la recherche d’un travail dans la région Alsacienne. 

*« Himalayan Art Preservation » et la « Cultural & Welfare Society of Matho Gonpa»

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