Comment se passe la suite de votre scolarité ?
Jean-Marc - Pour les étudiants ingénieurs de deuxième année, il nous restait 2 semaines de cours seulement, il s’agissait essentiellement de projets de groupe. Puis nous devions effectuer notre stage pratique de l’ingénierie (SPI) de 3 ou 4 mois, à l’étranger pour la très grande majorité.
Pour les projets, ils ont pu s’effectuer à distance avec plus ou moins de réussite. Selon la matière, on sentait que certains professeurs étaient plus préparés que d’autres.
Héloïse - Et travailler en groupe avec des étudiants avec qui nous n’avons pas l’habitude de travailler est en temps normal compliqué, à distance c’était encore plus difficile. On ne peut pas se mettre tous autour d’une feuille et s’expliquer ce que chacun a compris. Le projet le plus difficile était le projet « béton » pour lequel il fallait passer à l'application de notions complexes abordées en cours.
Jean-Marc - Ce qui a surtout manqué à beaucoup d’étudiants, c’est la licence Excel. Ceux qui avaient des ordinateurs Mac également étaient plus en difficultés car les logiciels gratuits que nous utilisons ne fonctionnent souvent pas pour eux. Mais en répartissant le travail au sein du groupe, c’était gérable.
Pour un des projets, j’étais avec Héloise et nous étions avec un troisième étudiant confiné en Nouvelle-Calédonie. Avec le décalage horaire, cela limitait grandement les interactions.
Héloïse - J’avais fait un tableau avec les plages horaires possibles, cela laissait trois heures par jour. Finalement, nous nous en sommes bien sortis.
Et pour les stages ?
Jean-Marc - Très peu d’étudiants ont pu maintenir leur stage à l’étranger. C’est mon cas. Je devais avec 6 autres étudiants faire mon stage en Australie. La situation là-bas est très difficile et il n’y avait pas de solution alternative. J’ai eu de la chance car j’étais en retard sur les démarches administratives, j’ai pu annuler sans frais les premières démarches entreprises. Pour d’autres étudiants, c’est plus compliqué, certains n’ont pas encore été remboursés du billet d’avion.
Héloïse - Pour l’instant mon stage est maintenu mais repoussé. Je dois le réaliser dans une entreprise en Allemagne à Reichstett. Il devait commencer lundi 4 avril mais mes tâches ne sont pas télétravaillables. Je reste en contact avec l’entreprise avec laquelle nous suivons l’évolution de la situation.
Comment cela se passe-t-il pour les étudiants n’ayant plus de stage ?
Jean-Marc - On nous a proposé de chercher une alternative, un travail donné à distance par l’entreprise initiale ou de trouver un autre stage en France. Mais dans cette période difficile, les entreprises ont d’autres soucis à régler que de s’occuper de stagiaires. Je suis un des rares pour qui cela a fonctionné. Je suis en phase de validation pour un stage sur Paris. Pour les autres, il est proposé de réaliser une étude bibliographique.
Héloïse - Pour l’instant, on ne sait pas trop encore comment ce stage sera évalué, quelles sont les attentes exactes dans ces nouvelles dispositions, nous sommes plutôt inquiets sur ce point.
Comment êtes-vous informés des adaptations de votre formation durant cette période?
Héloïse - Nous avons eu deux points d’informations en webconférence durant le confinement avec les nouvelles dispositions prises. Cela dépend aussi des directives ministérielles qui arrivent petit à petit. Nous savons que les choses s’écrivent au fur et à mesure du côté de la direction des études qui a énormément à faire.
Jean-Marc - Par exemple, pour les étudiants en rattrapage, c’est en train de se réorganiser à distance. Pour le Toeic que nous devions passer en avril, la direction est en discussion avec l’organisme officiel pour nous le faire passer à distance également.
Héloïse - Nous avons également un document partagé en ligne via lequel nous pouvons poser toutes nos questions. Marianne Bernard, la directrice des études y répond régulièrement. L’administration gère plutôt bien ce travail à distance. On est assez accompagné.
Dans quelles conditions êtes-vous confinés et comment vivez-vous ce confinement ?
Héloïse - Je vis avec mon compagnon et nous avons rapidement décidé de rester ensemble et de ne pas nous imposer à l’une ou l’autre de nos familles. Nous sommes donc restés dans notre appartement à Strasbourg. Nous avons la chance d’avoir un balcon, le soleil, une belle surface : nous n’avons pas à nous plaindre.
Jean-Marc - Comme beaucoup d’étudiants, nous avons anticipé l’annonce du confinement et pris nos dispositions pour rentrer dans nos familles. Je suis rentré à Bordeaux avec ma mère et mon petit frère. Je suis dans une maison avec jardin, je n’ai pas à me plaindre non plus. Président de notre promotion d’ingénieur·e·s, je me suis chargé d’appeler tous mes camarades au début, pour savoir comment cela se passe. Je continue encore à prendre régulièrement des nouvelles via des sondages et si je sens que l’un d’entre eux ne va pas fort, j’essaye de me rapprocher de lui.
Côté vie en confinement, je suis complètement en décalage horaire et pas trop organisé. Je fais les choses quand j’ai envie de les faire. Je profite surtout de cette période pour me rapprocher de ma famille ou des amis, de garder du lien.
Héloïse – Pour ma part c’est tout l’inverse ! Je mets le réveil tous les matins. Avec mon compagnon on s’astreint en semaine à garder un rythme. On essaie de planifier les journées, j’organise les repas, tout cela pour mieux passer chaque journée. Je garde aussi le lien très régulièrement avec ma famille. J’ai également contact avec quelques élèves de ma promotion, notamment ceux avec qui je peux jouer en ligne.
Comment appréhendez-vous la suite ?
Jean-Marc - Je suis assez inquiet pour la rentrée, j’avais prévu d’effectuer ma 3e année avec l’université de Hanoi, un partenaire de l’école. Je dois partir en octobre. Pour l’instant, je poursuis les démarches administratives mais sans certitude. Ce que je regrette le plus, c’est de ne pas avoir pu dire correctement au revoir à mes camarades. Notre départ s’est fait dans la précipitation et si tout se passe comme prévu, je ne les reverrai pas avant la remise de diplôme.
Héloïse - Pour la suite, je suis plutôt positive. En ce moment, je prépare des notions qui seront abordées en troisième année mais qui me seront utiles pour mon stage, en espérant qu’il se fasse. Pour la rentrée, je pense que tout cela va bien se passer à l’ENGEES !