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Tracer les sources de mercure dans les océans

Une étude internationale, publiée le 29 septembre 2021 dans la revue "Nature", montre que, contrairement aux hypothèses précédentes, le mercure des océans n’est pas principalement apporté par les eaux de pluie mais que l’océan "respire". Jérémy Masbou, Maître de conférences à l'ENGEES, est co-auteur de l'étude.

Chaque année, environ 2500 tonnes de mercure sont émis dans l’atmosphère par la combustion du charbon et des activités minières. Cette substance nocive pour la santé humaine, peut ensuite circuler entre l’air, le sol et l’eau selon un cycle très complexe. Le mercure est particulièrement dangereux dans les océans, où il s’accumule dans les poissons, qui constituent la voie d’entrée principale vers les populations humaines. Une nouvelle étude, publiée le 29 septembre 2021 dans la revue Nature, montre que, contrairement aux hypothèses précédentes, le mercure n’est pas principalement apporté par les eaux de pluie mais que l’océan le « respire ». C’est-à-dire que le mercure est absorbé par la surface des océans lors d’échanges gazeux.

Ces travaux suggèrent également que les océans reçoivent moins de mercure issu des pluies qu’estimé précédemment, bien que cela ne présage pas, à l’heure actuelle, d’une diminution de la contamination des poissons.

"Cette étude est le fruit de 10 ans de recherche et comporte plusieurs prouesses qui la rendent unique", explique Jérémy Masbou, Maitre de conférence ENGEES au laboratoire ITES (UNISTRA/EOST/ENGEES/CNRS) co-auteur de l'étude. "La première prouesse est technique avec la détection du mercure et de ses isotopes dans l’eau de mer où il se trouve à des concentrations de l’ordre du nanogramme par litre. Ensuite, cette étude se base sur une combinaison d’échantillons nombreux et divers obtenus lors de plusieurs campagnes en mer. Des centaines d’échantillons d’eau de mer prélevés jusqu’à 4500 mètres de profondeur, d’air, de pluies et de thons ont été prélevés et analysés. Enfin, un modèle numérique a été développé pour compiler ces résultats à l’échelle mondiale en intégrant des données satellitaires de température et de vent à la surface des océans. Tout cela donne, à la fin, une étude unique qui bouscule les précédentes hypothèses et permet une meilleure compréhension du cycle de ce polluant majeur."

Ces découvertes sont particulièrement importantes dans le cadre de la Convention de Minamata de 2013, où 133 pays se sont engagés à réduire leurs émissions de mercure. Ces travaux ont été menés par une équipe internationale impliquant des scientifiques du laboratoire Géosciences environnement Toulouse (CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier/Cnes/IRD), de l’Institut méditerranéen d'océanologie (CNRS/Aix-Marseille Université/IRD/Université de Toulon), du laboratoire Environmental Geosciences de l'université de Bâle (Suisse) et de l’Institut Terre et Environnement de Strasbourg (UNISTRA/EOST/ENGEES/CNRS).

Publication :

Mercury stable isotopes constrain atmospheric sources to the ocean. Martin Jiskra, Lars-Eric Heimbürger-Boavida, Marie-Maëlle Desgranges, Mariia V. Petrova, Aurélie Dufour, Beatriz Ferreira-Araujo, Jérémy Masbou, Jérome Chmeleff, Melilotus Thyssen, David Point & Jeroen E. Sonke. Le 29 septembre 2021, Nature. DOI : 10.1038/s41586-021-03859-8

https://www.nature.com/articles/s41586-021-03859-8

Communiqué de presse CNRS 

http://www.cnrs.fr/fr/sur-les-traces-du-mercure-oceanique

 

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