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Un pesticide sous surveillance : une étude franco-indienne

Dans le cadre d’un projet soutenu par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), des chercheurs du laboratoire ITES, dont des enseignants-chercheurs ENGEES, en collaboration avec l’Indian Institute of Science et l’IRD de Toulouse, ont étudié le devenir du profenofos, un insecticide organophosphoré encore utilisé en Inde et au Brésil malgré son interdiction en Europe. Ce pesticide, appliqué sur les semences de pommes de terre, betteraves et oignons, est connu pour sa toxicité neurologique, notamment chez les enfants. L’enjeu de cette étude, dirigée par Jérémy Masbou enseignant-chercheur ENGEES-ITES et publiée dans le Journal of Hazardous Materials (Volume 488, 5 May 2025), était de mieux comprendre son cycle de dégradation et d’évaluer son potentiel de contamination des nappes phréatiques.

Une expérimentation entre laboratoire et terrain


Pour répondre à ces questions, Camille Grail, ingénieure diplômée de l’ENGEES, a mené une expérimentation sur le terrain en Inde. Pendant trois mois, elle a réalisé des prélèvements de sol et d’eau sur une parcelle agricole sélectionnée, en s’assurant que d’autres pesticides ne venaient pas interférer avec l’étude. Durant ce travail de terrain, la jeune scientifique a été marquée tant par la gentillesse et implication des agriculteurs que par les échanges passionnants avec les chercheurs indiens et français présents sur site. Elle souligne également les défis de la sensibilisation aux dangers des pesticides dans ce pays où les agriculteurs pulvérisent sans protection.
De retour en France, elle a poursuivi son travail au laboratoire ITES à Strasbourg, encadrée par Jérémy Masbou, où elle a analysé les échantillons, notamment sur un outil d’analyse isotopique innovant, dans un temps extrêmement contraint. En un mois seulement, elle a dû extraire, traiter et interpréter les données avant de finaliser une présentation pour l’AIEA à Vienne


Une dégradation rapide confirmée par un modèle prédictif


L’analyse isotopique a révélé des résultats surprenants mais très encourageants : le profenofos se dégrade très rapidement dans l’environnement. En seulement un jour et demi, 50 % du pesticide disparaît par biodégradation, et après trois jours, 96 % sont éliminés, ce qui est rare avec un pesticide. Cette rapide dégradation limite considérablement le risque de contamination des nappes phréatiques et des cours d’eau.
Ces observations ont été confirmées par un modèle prédictif mis au point par Sylvain Payraudeau, chercheur ENGEES/ITES, également contributeur de l’article publié. Il a intégré des données de la littérature scientifique pour anticiper avec précision l’évolution du pesticide dans l’environnement. Ce modèle représente une avancée significative, car il pourrait permettre d’évaluer le risque de contamination sans nécessiter d’expérimentations prolongées sur le terrain, souvent complexes et coûteuses.

 

Ce projet illustre l’intérêt des collaborations scientifiques internationales pour répondre aux enjeux environnementaux liés aux pesticides. En combinant expertise analytique et modélisation prédictive, les chercheurs ont apporté des éléments clés pour mieux comprendre le cycle du profenofos et améliorer l’évaluation des pesticides à l’échelle mondiale.

 

Références : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0304389425003401?via%3Dihub

 

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